Qu’est-ce que la télémédecine ?

L’utilisation de la télémédecine pour le diagnostic et le traitement à distance s’impose en France, alors que la question des maladies chroniques devient centrale et prioritaire. Mais en quoi consistent les services de télémédecine ? Tout d’abord, rappelons que la télémédecine a été pendant plus de 10 ans testée via différentes expérimentations et que la téléconsultation est entrée en premier dans le droit commun en septembre 2018, après la signature de l’avenant 6 à la Convention médicale, confiée par le Gouvernement à l’Assurance Maladie, aux complémentaires et aux médecins libéraux.

Comment fonctionne la télémédecine ?

La télémédecine désigne un mode de soins, réalisé grâce à l’utilisation de technologies innovantes, en particulier les technologies de l’information et de la communication (TIC), dans des situations où le professionnel de santé et le patient (ou deux professionnels) ne se trouvent pas au même endroit.

La télémédecine implique la transmission sécurisée d’informations et de données médicales sous forme de textes, de sons, d’images ou d’autres formes nécessaires à la prévention, au diagnostic, au traitement et au suivi ultérieur des patients grâce à l’utilisation d’un logiciel de télémédecine.

Les services de télémédecine ne remplacent pas les soins de santé en présentiel entre le médecin et le patient, mais les complètent pour en améliorer potentiellement l’efficacité, l’efficience et la pertinence. La télémédecine doit également se conformer à tous les droits et obligations de toute loi sur les soins de santé.

Développements récents de la télémédecine

La télémédecine est un domaine qui évolue rapidement, qui a connu une croissance et des progrès significatifs ces dernières années. Les expériences de télémédecine les plus avancées offrent un certain nombre d’avantages aux patients et aux soignants, notamment un meilleur accès aux soins, une réduction des coûts de santé et une plus grande flexibilité.

Les utilisations les plus avancées de la télémédecine sont les suivantes :

• Téléconsultation : les solutions de téléconsultation permettent aux patients situés dans des endroits éloignés ou confrontés à des difficultés dans leurs déplacements, de consulter leur médecin à distance ;
• Télésurveillance médicale : la technologie de télésurveillance permet aux professionnels de la santé de surveiller les signes vitaux et les données de santé des patients en temps réel ;
• Téléexpertise, qui permet à un professionnel de santé d’obtenir l’avis d’autres professionnels de santé ;
• Téléassistance, qui permet à un professionnel de santé d’assister à distance un autre professionnel médical pendant un acte ;
• Réponse médicale.

Télémédecine et traitement des maladies chroniques

Comme nous l’avons mentionné, la télémédecine peut faire la différence pour les patients dans le cas du traitement des maladies chroniques. Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), les maladies cardiovasculaires (responsables de 17,5 millions de décès par an), le cancer (7,6 millions), les maladies respiratoires chroniques (4,1 millions) et le diabète (1,1 million) figurent parmi les maladies chroniques les plus courantes et les plus meurtrières dans le monde.

Par exemple, l’hypertension non traitée, facteur de risque majeur (athérosclérose des artères coronaires, carotides, rénales et des membres inférieurs), pourrait être contrôlée à distance assez facilement. Selon les experts de l’OMS, en l’an 2000, environ 1 milliard de personnes dans le monde souffraient d’hypertension (soit plus de 25 % de la population mondiale âgée de plus de 20 ans).

D’ici 2025, on estime que le nombre de personnes souffrant d’hypertension atteindra 1,5 milliard (près de 30 % de la population). Si nous prenons l’exemple de l’hypertension, nous pouvons en déduire qu’elle est à l’origine d’environ 14 % de tous les décès dans le monde et qu’elle est également l’une des causes les plus fréquentes d’invalidité. En fait, il a été démontré que la proportion de patients souffrant d’hypertension augmente avec l’âge de la population.

Selon certaines estimations, la télésurveillance à domicile des patients en cardiologie permettrait de réduire de 26 % le nombre de jours passés à l’hôpital et d’économiser 10 % des coûts de santé, avec une augmentation de 15 % du taux de survie. La télémédecine peut donc représenter la frontière pour rendre ces patients autonomes le plus rapidement possible et faciliter leur autogestion (autosuffisance à leur domicile, dans le “quartier” où ils ont l’habitude de vivre).

Les objectifs de la télémédecine

L’objectif incontournable de l’e-santé ne peut être que de contribuer à la restructuration du système de santé, à sa rationalisation et à son optimisation, à l’amélioration de l’efficacité globale et à la réduction simultanée des coûts de gestion.

La technologie appliquée sera fonction d’un diagnostic précoce et contrôlera en permanence la situation clinique et l’adéquation du traitement. La technologie est le moyen fondamental de répondre aux besoins d’un service de soins continus à distance, à construire autour du patient, sur la base de la pathologie existante. Le suivi continu permettra la détection précoce des points critiques, pour intervenir et prendre des mesures avant l’apparition de complications, avec des retombées positives pour le patient et le système de santé.

Pourquoi la télémédecine répond-elle aux problèmes des soins de santé contemporains ? Parce qu’elle permet d’accompagner :

• le vieillissement de la population et la capacité limitée de fournir des soins à temps plein dans les centres dédiés aux séniors ;
• les programmes gouvernementaux de lutte contre les maladies et les actions de prévention à grande échelle ;
• l’augmentation du nombre de patients souffrant de maladies chroniques et résidant à leur domicile ;
• la diminution du nombre de professionnels de santé et l’accès facilité aux spécialistes ;
• les nouvelles technologies de traitement.

Les services de télémédecine, en particulier, visent à :

• intervenir à un stade précoce de la maladie grâce au suivi, et ainsi réduire le taux d’aggravation et de mortalité ;
• réduire le nombre de jours d’hospitalisation ;
• rationaliser les décisions grâce à la consultation à distance de spécialistes ;
• réduire le coût de la prise en charge des patients.

La leçon Covid-19

L’épidémie de Covid-19 a rendu évident le fait qu’un système de santé moderne ne peut se passer de la télémédecine et des soins de santé réalisés avec les outils numériques. Les chiffres de l’épidémie observés dans les différentes régions montrent que l’efficacité des mesures d’endiguement est étroitement liée à la réactivité du système de santé territorial. Face à une urgence généralisée sur tout le territoire, les hôpitaux sont par exemple vite entrés dans un système de gestion de crise et se sont appuyés sur les outils numériques pour réguler les flux de patients en lien avec les organisations territoriales de santé.

L’une des leçons à tirer de cette épidémie est que la réorganisation territoriale des soins est une nécessité pour lutter contre les risques pandémiques, que cette réorganisation doit être technologique et exploiter toutes les potentialités de la télémédecine.